La GUERRE DES O.G.M avec Anne Briand Bouthiaux
Deux individus appartiennent à la même espèce s'ils sont capables de se reproduire en donnant naissance à des individus capables eux-mêmes de se reproduire. Exemple a contrario: le croisement du cheval et de l'âne, qui sont deux espèces voisines mais différentes, donne naissance au mulet, mais le mulet est stérile.
Du point de vue génétique, une espèce est caractérisée par la structure de son génome (ensemble du stock d'ADN disponible dans l'espèce). Au sein de la molécule d'ADN, les gènes sont disposés dans un ordre et à des distances qui obéissent à des lois rigoureuses (cette superstructure dont l'existence vient seulement d'être appréhendée est encore méconnue). A l'intérieur d'une espèce existent des variétés, dont les différences de formes et de comportements proviennent des différentes versions que peut présenter un même gène et qu'on appèle allèles.
Gène allélomorphe: se dit de caractères opposés qui se substituent alternativement les uns aux autres dans l'hérédité et situés dans des points correspondants de chromosomes homologues.
Ces variations des gènes ont un caractère aléatoire. Il en résulte l'apparition de variétés dont certaines survivent et d'autres disparaissent.
Dans le monde végétal surtout en raison de la plus grande souplesse du matériel génétique des végétaux), il peut arriver que deux espèces voisines se croisent pour donner naissance à une espèce hybride capable de se reproduire et qui s'insère dans l'écosystème. dans le langage commun, on parle aussi d'hybrides lorsque deux variétés d'une même espèce sont croisées et donnent naissance à une nouvelle variété (croisement). Mais ce qui est commun à ces deux processus, c'est qu'ils relèvent de la fécondation. La possibilité de fécondation est régulée par un dialogue entre gènes, impliquant le respect de l'organisation du génome. Ainsi, tout hybride respecte la logique évolutive des êtres vivants, donc ses règles et ses limites.
Des personnages publics comme Jean-François Revel et Claude Allègre, et d'autres de moindre notoriété mais cependant parés de titres universitaires, ont déclaré au cours d'émissions de radio et de télévision: "Les OGM ne devraient pas occasionner de débat. L'homme connaît les OGM depuis qu'il crée des hybrides, c'est à dire depuis le néolithique."
Cette affirmation est révélatrice d'une ignorance qui touche autant la biologie que l'histoire.
Les biotechnologies permettent en laboratoire d'introduire un ou plusieurs gènes d'une espèce dans le génome d'une autre espèce. Cela se fait sans tenir compte de l'organisation du génome receveur laquelle est pourtant indispensable à son bon fonctionnement, et surtout sans passer par les contraintes régulatrices de la fécondation.. On obtient une plante transgénique ou OGM, dont on s'assure par des tests en culture qu'elle est capable de se reproduire. Mais on ignore tout de l'évolution de la biologie de cette plante et de ses rapports avec l'environnement. On n'a ni les moyens de la prévoir, ni les moyens de la maîtriser.
Pression des OGM sur le monde contemporain
L'humanité est engagée avec les OGM dans une aventure qui ressemble à un cercle vicieux. Le génie génétique a suscité pour les OGM du domaine agricole des projets exempts de précautions véritables et des investissements à la mesure des profits attendus. Les résultats, encore limités à quelques espèces, sont fragilisés par l'effet imprévu sur l'environnement, sur la santé humaine et sur l'équilibre des sociétés à prédominance agricole. Les investisseurs n'ont d'autre alternative que d'imposer, par toutes les ressources d'une action sur l'opinion et d'un arsenal juridique approprié, la propagation des OGM existants et d'inciter leurs chercheurs à en créer d'autres le plus vite possible. Dans cette fuite en avant, le bon sens et la raison n'ont plus cours. Le rapport de l'homme à l'environnement subit une mutation radicale.
Entre démission politique, débats éthiques édulcorés et ignorance des décideurs, la partie semble jouée d'avance. En dépit du matraquage psychologique, il s'installe et se répand une vague hostile qui réclame un vrai moratoire pour une recherche indépendante et la création d'un département de biovigilance actif.
L'état actuel des connaissances
On ignore encore l'utilité de 80% des nucléotides (constituants essentiels de la cellule vivante) qui sont les éléments de base de l'ADN
Les découvertes récentes montrent que la disposition des gènes à l'intérieur de L’ADN obéit à un supra code qui assure la stabilité du génome, mais son étude systématique n'est pas encore entreprise ( on aurait du commencer par ça!): les conséquences dans la durée de l'introduction d'un gène étranger sont donc inconnues.
Les rétroactions du milieu cellulaire sur les gènes sont à peine soupçonnées
On constate que l'expression d'un gène transféré d'une espèce à l'autre est sujet à des changements que l'on peut prévoir.
Impossibilité de maîtriser la pollution génétique de l'environnement
Des fragments d'ADN des OGM peuvent être transmis à des plantes d'origine conventionnelle de la même espèce ou d'espèces voisines par le pollen, les bactéries du sol, les spores des champignons pathogènes.
La bio vigilance qui consiste à suivre l'impact des OGM sur l'environnement est actuellement illusoire car elle est exercée dans un milieu expérimental alors que l'environnement est extrêmement diversifié.
Dans le cas d'une forte extension des OGM, la pollution des cultures conventionnelles ne pourrait être évitée qu'au prix d'une séparation des zones agricoles respectives en de très grandes régions.
Les risques sur la santé : des expériences sur rats de laboratoires sont édifiantes.
Les gènes marqueurs utilisés dans la transgénèse peuvent favoriser chez les bactéries pathogènes le développement d'une résistance aux antibiotiques susceptible de s'étendre jusqu'aux antibiotiques utilisés dans les unités de soins intensifs. (jusqu’à nos propres antibiotiques fabriqués par notre corps).
Les protéines produites par les OGM sont différentes des protéines habituelles de l'alimentation. Il en résulte un risque allergique qu'on est incapable d'évaluer mais qui confirme l'augmentation sensible des allergies alimentaires qui accompagnent le développement du soja transgénique.
Les tests de sécurité alimentaire appliqués aux OGM sont limités à la toxicité aiguë à court terme, donc inadaptés.
La commercialisation des OGM dans l'alimentation se fait avant que les normes d'étiquetage soient définies et les analyses de contrôle normalisées.
Antagonisme entre information et consommateur et libre circulation des marchandises
Alors que le maïs et le soja transgéniques sont majoritaires aux USA dans l'alimentation animale et que les protéines synthétisées restent présentes tout au long de la chaîne alimentaire, un Etat ne peut pas exiger qu'il soit fait mention de la présence d'OGM dans les produits importés sans s'exposer aux sanctions de l'OMC pour entrave à la libre circulation des marchandises. Les USA, ne se gênent pourtant pas.
La brevetabilité du vivant
Le trait dominant de la situation des OGM est qu'on exploite économiquement les possibilités offertes par la transgénèse sans avoir la capacité ni la volonté d'en prévoir les conséquences sur l'environnement naturel et la santé humaine.
C'est la brevetabilité des OGM décrétée par les USA en 1980 ,et reconnue sous la pression des USA par la directive Européenne 90/44 de 1998, qui a provoqué la ruée des capitaux vers les biotechnologies.
La brevetabilité du vivant ne connaît pas de limites. Des brevets ont été pris sur des lignées cellulaires prélevées sur des populations aborigènes de Panama, de Papouasie, de Nouvelle-Guinée et des îles Salomon.
Développement des homologations des OGM
On limite le coût et la durée des expériences pour préserver la rentabilité des OGM en cas d'agrément.
Les experts chargés d'instruire les demandes d'homologation des cultures d'OGM n'offrent pas de garanties d'indépendance car ils sont, par nécessité, recrutés dans des milieux proches de l'industrie.
La Directive Européenne 90/220 qui régit les autorisations relative aux OGM est en instance de révision à la demande des états membres et en vue d'une meilleure protection de l'environnement et de la santé. La Commission Européenne, au contraire, est favorable à un assouplissement du cadre réglementaire, sa volonté affichée étant la reprise rapide des autorisations d'OGM.
L'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique représentée par la plupart des pays occidentaux dont les USA) prévoit de rendre applicable un principe de reconnaissance mutuelle entre les états des homologations d'OGM, ce qui revient à priver les Etats du droit d'en contrôler l'exploitation sur leur territoire.
Abandon des voies alternatives du développement économique
L'enseignement universitaire s'oriente presque exclusivement vers la biologie moléculaire: on ne forme plus de naturalistes (botanistes, mycologues, entomologistes) aptes à faire avancer les voies alternatives de développement de l'agriculture et compétents pour évaluer correctement l'impact des OGM sur l'environnement.
Les fonds consacrés à la recherche pour la sélection traditionnelle s'amenuisent au profit du génie génétique dont le développement exige de gros moyens en partie à cause d'un taux de réussite extrêmement faible.
Détournement de la recherche publique de sa finalité
La recherche publique , par des conventions de coopération avec l'industrie, passe sous la dépendance des intérêts privés qui fixent les objectifs et les programmes des unités mixtes de recherche. La recherche fondamentale qui pourrait éclairer la mise en œuvre du principe de précaution est ainsi réduite au profit de buts utilitaires immédiats et les bénéfices sont soustraits à la connaissance du public.
Confiscation et réduction des ressources génétique mondiales.
L'emprise des groupes agrochimiques promoteurs des OGM sur l'agriculture mondiale est telle que, dans certains pays, les plantes transgéniques qui peuvent en raison de leur homogénéité génétique, s'avérer fragiles, occupent la majorité du territoire agricole, ce qui a pour contrepartie la disparition des variétés issues de l'agriculture traditionnelle, lesquelles ont franchi l'épreuve du temps.
La sécurité alimentaire est ainsi compromise.
Notre santé par la même occasion. Ce dérapage meurtrier, froidement calculé, n’est pas le seul puisque tout sur cette terre est consacré au profit. On ne se préoccupe pas de l’effet des moyens qui permettent d’engranger toujours plus de dividendes ( métaux lourds, plastiques, pétrole, additifs dans ces derniers, etc.) au lieu de mettre en place d’autres solutions indemnes, ou presque, de retombées néfastes à notre civilisation.
Si vous ne nous aidez pas à colporter ces informations et à réagir fermement, nous sommes tranquilles quant au sort dantesque qui est réservé à nos enfants.
Maurice Eugène André et Jacques Daudon – Président et Vice-Président du Parti des Européens Progressistes.
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Dernière mise à jour le : 04 mars 2006.