LES MIRACLES DE LA NATURE DANS UNE FERME JAPONAISE*
Takao Furuno habite le village de Keisen. Sa réputation tient au fait qu’il a fait des merveilles en associant la riziculture et l’élevage des canards.
Le succès de sa méthode a permis d’essaimer dans toute l’Asie du sud-est.
Au Japon, environ 10.000 paysans l’ont adoptée, tout comme de nombreux paysans au Cambodge, en Corée du sud, au Vietnam, aux Philippines, en Thaïlande et en Malaisie. Ces paysans ont pu ainsi accroître leurs rendements de 20 à 50 % ou plus, dès la première année.
La clef du succès
C’est les canards qu’ils relâchent dans les rizières peu après les semis. Les semis ont trop de silice, ils n’intéressent pas les canetons.
Il faut tabler sur 20 canetons par dixième d’hectare. Ils s’ébattent entre les rangées de riz sans détériorer les plans.
La fin de la corvée de désherbage
L’utilité de ces volatiles pour les plants de riz est importante. Ils mangent les insectes parasites, les escargots pomacea sp. qui attaquent les plants. Ils mangent aussi les graines et les jeunes pousses des mauvaises herbes, utilisant leurs pattes pour les déterrer, oxygénant ainsi l’eau et contribuant à une croissance plus vigoureuse du riz. Une économie de 240 heures de travail de désherbage manuel par hectare. En outre, les canards restent dans les rizières 24 heures sur 24. Une barrière suffit à les protéger des chiens. Un carré de terrain au sec leur est réservée et on leur donne des restes de riz issus de la fabrique qui polit le riz. Les canards restent en libre parcours jusqu’à la montée en graine.
A ce stade, on les rassemble dans une cabane. Ils y pondent leurs premiers œufs qui sont ensuite vendus sur le marché.
Le canard n’est pas le seul à enrichir les rizières. La plante aquatique Azolla sp. qui abrite une bactérie (symbiose) recouvre la surface de l’eau. Cette plante, très prolifique, double de taille tous les trois jours. Elles est récoltée pour le bétail. Elle recouvre la surface de la rizière en protégeant ainsi les gardons.
Les poissons mangent les fèces des canards et des daphnies (puces d’eau) qui mangent le plancton. Les poissons et les canards produisent de la fumure pour les plants de riz ; ces derniers offrent un abri pour les canards.
Une ferme japonaise bio de deux hectares produit 7 tonnes de riz, 300 canards, et des légumes pour 100 personnes.
La rizière et les canards constituent un écosystème complexe, équilibré, durable ; le seul apport extérieur consiste en des grains de riz pour nourrir les canards hors de la rizière. La production, déjà donnée, à laquelle s’ajoute les gardons. La ferme de Furuno de 2 ha comporte 1,4 ha de rizières, le reste est consacré aux légumes.
Conclusion
Si l’on applique l’exemple de cette ferme sur un pays, 2% de la population suffisent pour nourrir biologiquement une nation entière ! Le Japon peut devenir autosuffisant.
Nul besoin des OGM. Cela est valable pour toute l’Asie du sud-est. La méthode Aigamo fait éclater le mythe selon lequel la riziculture biologique demande beaucoup d’heures de travail.
Selon nos informations, les mythes s’effondrent un à un. Un seul, à notre humble avis, restera ancré dans le cœur de tout paysan raisonnable et de bon sens. Il ne peut y avoir d’agriculture saine et profitable que dans le respect des interactions entre le sol, les animaux et les hommes. Une culture sans intrants naturels est un génocide programmé. Contrairement aux ruminants, le tracteur ne contribue pas à la fertilité du sol. Il ne fournit ni lait, ni beurre, ni ….bouses ! Pis, il tasse les terres, détruit la faune, et pollue avec des substances non renouvelables. L’agriculture traditionnelle est fondée sur la diversité, la nature a bien donné l’exemple. L’agriculture ancestrale n’est d’ailleurs pas un mythe, c’est une réalité.
Maurice- Eugène André et Jacques Daudon – Présidents du Parti des Européens Progressistes.
* D’après un article de l’Ecologiste N°14 Nov/Déc 2004