En ce temps-là un illustre inconnu, moitié Landais, quart Basque, quart Béarnais s'appliqua à faire comprendre par des écrits d'une clarté exceptionnelle que le gouvernement d'un pays était comparable à une partie de tennis.
L'arbitre, en l'occurrence le Président, se devait de respecter les règles démocratiques et constitutionnelles. En effet, déclarait ce prosateur— tout autant capable d'enfanter d'un poème en moins de temps qu'il ne faut pour le dire — lorsque l'arbitre ( pardon le président!) bien que secondé par une multitude d'arbitres assistants (il faut lire le gouvernement), sachant que des milliers de regards se penchent sur la balle ( non voyons, la Constitution!) est obligé avant la partie d'absorber du jus de myrtille afin que ses yeux soient en face des trous. Il ne s'aviserait surtout pas de goûter aux trésors liquoreux que fabriquent certains Charentais, Armagnacs, ou Normands. Le public souverain commandait une attention soutenue et un flegme à toute épreuve. Par cette comparaison géniale, tout au moins de circonstance, notre troubadour avait capté toute l'attention populaire, et sans révolution, sans effusion de sang — sinon la décapitation de l'orgueil tout autant que l'attirance "traquenardesque" du pouvoir — la souveraineté représentative feinte était devenue une souveraineté effective. Le livre de Nivek Enol, "Françaises, Français.... n'avez-vous rien à dire" y était bien aussi pour quelque chose. Les citoyens induisaient les lois; unis, ils les critiquaient et les réformaient, Députés, sénateurs et chambre civile (ancien Conseil Economique et Social), inspirés par des gens de bon sens bien informés n'avaient plus qu'à les peaufiner.
La pollution à cette époque avait presque atteint un point de non-retour. Par la volonté populaire et des lois propices, lentement mais sûrement, les habitants des villes regagnaient les campagnes. Ils s'établissaient calmement sur d'anciennes fermes qu'ils rabibochaient avec cet amour particulier que possèdent les descendants des Gaulois. Poules en plein air caquetaient dans un joyeux pot-pourri, car les oies et canards étaient de la fête; les vaches sur prés équilibrés et verdoyants faisaient de leurs queues pistaches sur leur dos; enfin les moutons et les chèvres s'en donnaient à cœur joie sur les drailles.....Bref, tout ceci avait été rendu possible par la sagesse proverbiale de ce peuple fier et indépendant. Plus de charbon, plus de salmonellose, plus de cancer, de sida,.... bref l'équilibre des sols, des composts des herbes et des gens avait été atteint et le professeur Rehcuob se frottait avec jouissance les mains tant il avait averti depuis plusieurs lustres tous les pouvoirs et tous les citoyens.
Mais....mais....., Les gens ne l'entendaient pas de cette oreille. Bien que les vrais députés, les vrais sénateurs les purs gouvernants eussent été reconnus; la grande majorité avait fauté: le peuple voulait une punition exemplaire.
Les nouveaux bergers présidents (Un représentant de chaque chambre), alimentés de myrtilles et de plusieurs grammes de multivitamines dans ces moments cruciaux où la vie, même de misérables, est en jeu tant, leur rôle étant déterminant, avaient dû s'isoler plusieurs jours pour contenter le peuple et rechercher une sentence appropriée.
Voici ce qu'elle fut:
1 - 577 vélos furent spécialement fabriqués. Ils étaient dépourvus de selles, munis sur l'axe central d'un plot de plastique (non, de bois) lubrifié (au cas où le cycliste reposerait ses fesses, il ne fallait pas qu'il se blesse). Ainsi, les condamnés avaient été obligés de parcourir la France sans possibilité de s'asseoir entre les étapes. Des mâtons les suivaient en tricycles. Quel tour mes aïeux! Chaque député y laissa graisse et tripes. Qui remporta l'épreuve? non, mais vous rigolez! Ce fut une femme soi-disant de gauche.
2 - 233 cages à écureuils furent construites. Elles avaient la taille d'une grande roue, où pouvait largement contenir un sénateur. Grâce aux barreaux disposés sur la périphérie, l'ancien représentant des grands-électeurs, félon, grimpait sans fin et produisait une énergie suffisante pour moudre le café bio brésilien qui nous arrivait de ce grand pays. A la fin de la mouture, on permettait au puni de boire une tasse de ce breuvage, nons sans l'avoir pesé. Si la perte n'était pas conséquente il recommençait une autre mouture.
3 - Enfin, tous les gouvernants qui avaient trempé dans de sordides, crapuleuses ou louches affaires, certains parlent de blanchiment — tu parles! il n'y avait pas plus noir! — Subirent le sort réservé aux misérables. Encadrés chacun par deux para-antirechutes, militaires sans armes à feu, mais doués pour les combats psychologiques, ils gagnèrent les départements où les tempêtes firent rage naguère. Ainsi, toute la journée ils tronçonnaient les fûts, constituaient d'énormes tas de bois avec lequel ils se chauffaient l'hiver dans ces contrées rudes et froides. Un an après de durs labeurs, il était possible de voir l'initié du perchoir(par exemple), reconquérir une chevelure abondante, un air gouailleur et frais au possible. Point n'était besoin de savoir qu'il n'agirait plus à l'avenir comme il avait fait naguère. Certains s'étaient promis de lui faire la peau. Le conte du tennis — ses répercussions — leur avait sauvé la vie. Il était temps que vienne ce diable de Président!
Le peuple avait pardonné. Ces bandits de grands chemins riaient aujourd'hui avec ceux qui, hier avaient été empoisonnés par d'innommables turpitudes. Comme quoi, un peuple serein peut devenir magnanime. L'économie distributive y était pour quelque chose; demandez à Mme Niuobud En effet lorsque la gamelle est pleine les chats ne se font pas la guerre. Quelle formidable idée que de partager les fruits du labeur des générations passées. Ce conte n'est pas si éloigné de la réalité : encore 555 lunes.
C.Q.F.D.
Diégo . DER.† Le 31 Août 2001