Circulaire n° 36 - février 2001
Objet : L’intérêt actuel dans notre système, est-il une véritable aide à l’épargne ? La monnaie franche de Silvio Gesell(1) , avec intérêt nul, semble démontrer le contraire.
Cet aspect du problème ne doit pas laisser sous-entendre que nous adhérons pleinement à cette conception de l’économie mais plutôt que nous nous devons à un devoir d’information afin que chacun puisse évoluer en son âme et conscience.
Qu’est la monnaie franche ?
C’est un outil d’échanges et rien d’autre. On doit attendre de cet outil trois qualités essentielles :
·
|
- Qu’il assure les échanges, sans mévente, sans crises et sans chômage,
|
·
|
- Qu’il accélère les échanges que l’on mesure aux stocks restreints, au nombre peu élevé de commerçants et à l’abondance relative des denrées et produits chez le consommateur ;
|
·
|
- Qu’il rende les échanges bon marché, mesurables à la différence minime entre le prix perçu par les producteurs et celui payé par les consommateurs.
|
Nos experts, banquiers surtout, ont oublié que le vendeur et l’acheteur avaient une égale importance. On a donné tous les droits au détenteur de monnaie, face à une marchandise qui se déprécie, s’oxyde, se fane ou fermente : spéculation, fantaisie, cupidité, hasard, voilà à quoi s’expose le producteur ! Est - ce raisonnable ? Le commerce n’est ni un casino, ni affaire d’artiste, un besoin primordial sans plus ; l’échange doit avoir son fil à plomb, ses mesures, pour pallier aux déviations et assurer la survie de l’humanité. Il ne doit pas y avoir de lésés, si l’on veut éviter finalement la pire des choses, aujourd’hui les guerres économiques, faisant tout autant de morts que les conflits armés. L’offre est une proposition qui ne dépend qu’en partie de la volonté du producteur propriétaire ; la demande devrait donc être la contrepartie - affranchie - de la volonté du possesseur de monnaie. Seules, l’utilité et la fiabilité du produit en fonction du besoin sont prépondérantes.
Si l’intérêt n’existait plus !- Constats évoqués par Silvio Gesell
Lorsqu’un épargnant verse de l’argent à la caisse d’épargne, cette dernière lui est redevable de la même somme, le jour où l’épargnant décide de la retirer. Ceci se passe de la même manière que lorsque vous prêtez 1 sac de pommes de terre pour l’année. L’année suivante, l’on vous rend un sac équivalent de la nouvelle récolte. L’argent placé, est prêté par la caisse aux artisans ou paysans aux mêmes conditions.
Grâce à la monnaie franche, les frais commerciaux sont diminués de 30% d’où une épargne sur les achats effectués.
Ainsi, vu les économies réalisées par tous, les excédents déposés à la caisse obligent cette dernière à baisser de plus en plus les taux d’intérêts, jusqu'à devenir nuls. Le taux d’intérêts reflète le rapport entre l’offre et la demande de prêts.
La baisse des taux des livrets est dommageable pour les acquis précédents. Il ne faut cependant pas oublier que les intérêts se retrouvent partout. Les intérêts dus par l’Etat et la commune à leurs créanciers, ceux exigés par les capitalistes pour l’usage des immeubles, machines, marchandises, matières premières, voies ferrées, énergies etc. Si l’intérêt tombe, tout devient proportionnellement meilleur marché. La perte d’intérêts sur une somme épargnée est récupérée largement par l’accroissement des économies réalisées. Un loyer peut absorber 25% d’un salaire, or si l’intérêt diminue, jusqu'à devenir nul (4% à 0%) l’épargne réalisée passe à 16% du salaire. Ce capital immobilier représente à peine le 1/4 des capitaux dont on doit servir les intérêts. En définitive, les économies globales atteignent près de 16%x4= 64% du salaire. Pourquoi alors se soucier de l’intérêt !
Ainsi s’évanouit le mirage qui faisait penser que l’intérêt était une aide à l’épargne.
Chez les rentiers et les gens riches, c’est tout le contraire lorsque l’intérêt tombe à zéro. Comme leur avoir ne rapporte plus d’intérêt et qu’ils ne travaillent pas, ils ne trouvent aucune compensation dans la hausse du pouvoir d’achat provoqué par la suppression de l’intérêt. Ils doivent vivre de leur fortune jusqu'à épuisement. Le travailleur épargne, et les intérêts sont remplacés par le travail. Il n’en demeure pas moins vrai que dans la nouvelle façon d’appréhender l’économie, l’opposition - trop souvent haineuse opposant monde laborieux du monde des nantis, source de conflits générateurs de guerre - disparaîtra progressivement, pour laisser la place à une seule classe, ou chacun aura la possibilité d’apporter sa pierre à la construction d’une société harmonieuse et altruiste.
somme mesurée à un indice de prix déterminé
L’intérêt tombant de 4 à 0%, les dépenses se réduisent de 64%
Le budget s’établit comme suit :
Les prix baissent de 64% (de 90.000 à 32.400) Si on maintient les prix constants(pas d’inflation), le salaire montera en proportion 324 à 900 soit multiplié par 2,8 :
Au taux de 4% d’intérêts composés l’épargne en 20 ans
En vingt ans l’épargne sera de :
Le revenu en vingt ans de l’épargne avec intérêts est bien de 302.450F.
Le revenu en vingt ans de l’épargne sans intérêt représente bien la somme de 1.352.000F
Soit un rapport de l’ordre de 4 !
Il est bien démontré que l’intérêt ne sert pas le peuple, agent actif de la production, donc de la survie de chacun.
Si l’intérêt n’est pas profitable aux citoyens, inutile d’insister ; il est nécessaire, progressivement, de le faire disparaître. Il ne servait qu’à alimenter les caisses des Banques qui à leur tour, par des jeux d’écritures, et par droit d’émettre de la monnaie, prêtait à nouveau de l’argent, handicapant l’Etat et le particulier.
Enfin, sachons que ce pouvoir peut être transféré aux citoyens qui viennent de se rendre compte qu’ils peuvent assurer, tous unis, les dépôts nécessaires à l’essor économique de la nation.
La suppression des intermédiaires parasites à toujours rendu les produits toujours moins onéreux.
Il est hors de question cependant de faire disparaître les banques. Elles auront toujours un rôle à jouer, bien plus important que l’on ne peut le penser, dan un monde plus juste. Nous en reparlerons dans de futures circulaires.
1) Silvio Gesell « L’Ordre Economique Naturel ». Traduit par Félix Swinne. Editions Vromant - S.A Bruxelles
Pour toute question ou problème concernant ce site Web, envoyez un courrier électronique à Jacques Daudon. © 2005
Dernière mise à jour le : 04 mars 2006.