Une maladie qui ne trompe que les Pasteuriens
Maladie dite de la banane ou maladie de la Peyronie MINISTRE ET MEDECIN FACE A FACE
Depuis fort longtemps le Ministre de la santé actuel, Emile Tampis, imposant gaillard ayant dépassé largement la cinquantaine, s’apercevait qu’inéluctablement son corps partait en biberine. Les affres de la pré vieillesse le rongeaient plus rapidement que de coutume. N’avait-il pas été champion du quatre cents mètres haies, excellent tennismen, cavalier émérite….bref, la vie ne semblait pourtant pas l’avoir mal doté. Sa santé s’écornait à vitesse grand V. Il n’avait pas le type même du glouton. Une simple mais certaine propension à goûter les mets fins et délicats. En quelque sorte, une fine fourchette dont le bec était loin d’être étamé. Inutile de le taxer d’abuser de boissons, ni de stupéfiants. Un homme relativement raisonnable n’appréciant d’ailleurs pas les médicaments. Malgré une cour farouche des Commis des Laboratoires et des Conseillers ministériels il faisait la sourde oreille à toute proposition de mixtures personnelles, d’après leurs dires, salvatrices. Il se conformait pourtant, là se situe le paradoxe, à accepter l’ère des trusts en appuyant en Conseil des ministres, leurs propositions, leurs hypocrites suggestions, leurs plans vénaux. Ruiner la Sécurité Sociale n’était pas son problème. Il remarquait bien que depuis plusieurs années ses contemporains tombaient comme des mouches. Ces hécatombes ne lui posaient aucun problème de conscience majeur. Il s’aimait voilà tout et n’avait jamais pensé à pousser un chirurgien philosophe à lui greffer son nombril dans le dos. Les victimes diminuées par leurs penchants démesurés, soit pour la fine, ou les vins moelleux, soit pour le tabac ou les femmes, voire la fine pâtisserie, qui plus est par une vie parisienne ou citadine polluée à outrance, finissaient inévitablement entre les mains des chimio thérapeutes qui ne méritaient d’ailleurs plus qu’on les gratifie d’un substantif abusif signifiant savant. Aux ordres de l’Ordre des médecins, seigneur très puissant inféodé à un pouvoir pratiquement occulte, ces derniers, formés de la plus mauvaise des manières dans les Facultés, n’avaient plus que quelques termes passe-partout qu’ils glissaient à quelques types spécifiques d’affections. Ainsi relevaient-on tour à tour antibiotiques, corticoïdes, antimitotiques, bref l’imparfaite brochette de produits, non seulement inutile mais de surcroît dangereuse. La Mort avait abandonné sa faux pour adopter un engin de mort automatique afin de remplir ses très nombreuses missions. Elle n’était pas responsable. Seuls les remèdes mettaient définitivement sur la touche les abuseurs de gamelles, les amoureux de la chopine, les habitués aux produits gras, les inconditionnels du sucre et des pâtisseries. Dans l’irresponsabilité la plus complète, les yeux bandés par l’insouciance, l’Assemblée adoptait-t-elle sans sourciller des projets de lois en faveur de la molécule de synthèse au détriment des molécules naturelles qui avaient pourtant fait leurs preuves depuis bien des lustres. Emile Tampis, bien que servile cédant sans scrupule aux exigences d’une République bananière, ministre malgré lui, n’avait pas rejeté son bon sens campagnard. C’était en outre un observateur de première, encadré par un esprit de déduction qui s’ajustait à merveille à une personnalité atypique que jalousaient toutes les autres personnalités du Corps ministériel. Etrange bonhomme côtoyant le diable et le paradoxe, le vice et la vertu …pour son propre compte. Revenons aux maux de ce ministre qui, répétons-le, le torturaient davantage sur le plan psychologique. Il avait tout d’abord ressenti certains fourmillements dans les avant-bras, lorsqu’il roulait en voiture. Puis des douleurs légères dans les cuisses l’empêchaient de rouler en toute sérénité. Enfin, lorsqu’il urinait, il sentait comme une pointe pénétrant dans son talon. Bref quelques mois plus tard constatait-il avec stupeur que ces doigts se recroquevillaient risquant à la longue à ressembler à de puissantes serres. Pire, amis lecteurs, il s’étonna et y regarda à deux fois lorsque son sexe, à des moments précis, prenait la forme d’une banane ; les professionnels parlent d’érection. Il qualifia cette étrange déviation par une sorte de parabole quasi vulgaire: Ainsi coudé telle une faucille, je vais être obligé de fricoter avec des dames déviées du vagin. Trêve de plaisanterie, il ne pouvait plus attendre. Il s’obligea à consulter. Il savait qu’il ne trouverait guère de gent féminine pliée de la sorte. Or, Paris offrait à l’époque tellement d’occasions pour les plaisirs de la chair…surtout lorsqu’ on représente la santé dans toute sa misère ! Son secrétaire général, homme dévoué, lui indiqua un médecin. Un dénommé Vercoutanmieux, mis à pied pour 10 années par l’Ordre des médecins pour emploie de médicaments insuffisamment testés et pire encore pour charlatanisme ! Ce professionnel du diagnostic était pourtant un homme de classe issu d’un enseignement prodigué par les Jésuites. Un maître en latin, un homéopathe uniciste expert possédant une culture médicale très approfondie. Un petit bout d’homme, vif comme l’éclair, blond comme les gens du Nord, plein d’humour, d’intelligence gardant, malgré les tracas que lui infligeaient les Ordinaux, l’espoir de rendre le monde meilleur. Il ne craignait pas en période de possibles épidémies, de démonter avec rigueur toutes les machinations qu’avaient élaborés les valets des trusts. On l’avait mis sur la touche, certes ! Ce fâcheux contretemps lui permettait cependant, hélas pour ses bourreaux, de lire tranquillement tous les canards sérieux et revues scientifiques à la mode. Ainsi trouvait-il toujours les incohérences aux stratégies développées, le maillon faible du contexte de la désinformation dirigée. Alors, grâce à ses emails parfaitement au point se permettait-il -- par la finesse de son ironie, son air de ne pas y toucher, son art inimitable -- d’écraser les arguments de ses adversaires par l’entremise d’ innombrables coups de téléphone face aux différents chefs de bureaux du Ministère de la santé. Pouvait-il, d’ailleurs avec délectation mettre à nu les stratagèmes employés, ridiculiser ses antagonistes, rallier à son avantage ces pauvres ronds de cuir qui forcément vendraient la mèche entamant ainsi le moral des guerriers de papier. Au point d’ailleurs que, Dieu me pardonne si je me trompe, la force formidable du cyclone de la désinformation sur une possible épidémie, biologiquement préparée en laboratoire, perdait -- par la force du sens critique de ce médecin désavoué -- son énergie potentielle. Cette énergie faussement cognitive (savante ), sans l’intervention du praticien déchu, aurait pu largement s’amplifier décuplée par la peur qui s’acharne sur le commun des mortels de la naissance à la mort. N’avez-vous jamais entendu votre grand-mère vous parler de loup-garou, de croquemitaine, de barbe bleue, quelquefois du diable. Une façon de garder, sur vous un pouvoir absolu. Même si les temps changent, si les parents sont moins dominateurs force reste malgré tout de constater ce désir de dominer et de mettre au pli. Ainsi la trouille s’installe et pour la faire déménager autant tenter de virer des baba-cool d’un squat!! Le rendez-vous fut pris par le Ministre très rapidement. Il prit l’avion un mardi qui atterrit sur l’aérodrome de Pau deux heures, environ, après le décollage. La villa du médecin en pleine ville, construite sans doute autour des années trente gardait fière allure ; un charme bourgeois mais sans prétention. Le ministre descendit du taxi, régla sa course et gaillardement franchit les quelques mètres qui le séparaient de la porte d’entrée. Au premier coup de sonnette, un homme ouvrit la porte au visiteur habillé avec recherche. Le médecin, de taille moyenne, blond portant de fines lunettes cerclées d’or tendit ses bras au nouveau venu. La réception était sans façon, franche, spontanée. L’hospitalité de toute manière est proverbiale en Béarn. Riches et pauvres obtenaient le même accueil en ce lieu paisible. Après un café pris dans la cuisine, deux petites tartines grillées finement talochées d’un soupçon de beurre on passa aux choses sérieuses. Le ministre appréciait le verbe du perturbateur des valets de cabinets. Il lui raconta son calvaire, depuis A jusqu’à Z . Il insista surtout sur les libertés que prenait son sexe à prendre une direction très dérangeante. Le médecin observait son patient et semblait, un doux sourire aux coins des lèvres, très intéressé par cette maladie assez déconcertante et peu courante. Vercoutanmieux ne lui demanda pas de se déshabiller, il ne lui prit pas la tension mais plutôt tâta le pouls. Il demanda à son hôte d’aller uriner et, lui ayant confié un petit tube à essais, lui recommanda de verser dans le tube un peu du liquide organique. Au retour du ministre, sans aucune gêne, le médecin versa le liquide très jaune dans une petite soucoupe. Il se pencha sur cette dernière flaira en connaisseur le contenu et fit une moue significative d’insatisfaction ; il s’attendait à ces senteurs. Il prit les mains que lui tendait le Ministre. Il les examina passa ses pouces sur les indurations renouvela sa moue en accord avec ses présuppositions puis abandonnant les membres de son athlétique patient se cala dans son fauteuil. Les coudes s'appuyèrent sur le bureau, les mains incurvées se joignirent un instant. Les énergies se rassemblaient avant l’action verbale. L’index du pro se dirigea vers l’auditeur. Tel un avocat général il se lança dans une sorte de réquisitoire, qu’il désirait tout autant plaidoirie. Curieuse façon de se comporter mais écoutez plutôt : - << Monsieur le Ministre, j’avoue que votre cas pourrait dérouter un nombre incalculable de mes confrères. Cependant, bien que je n’aie point souvenir de tels phénomènes je ne trouve rien d’étonnant à ce mal. Comptez donc votre pouls, il bat à quatre-vingts pulsations par minute. Sentez vos urines, une odeur très forte s’en dégage, quant à vos poches sous les yeux elles sont très directement reliées à vos reins et indirectement à l’odeur >>. Le royal patient était entrain de nager complètement. L’ahurissement s’exprimait sur son visage. Il ne comprenait pas, ne faisait pas de relations entre les réflexions du toubib et sa maladie. Que venait faire les reins là-dedans ? Le médecin se leva, s’approcha de son interlocuteur, plaça sa main à la hauteur du foie et enfonça ses phalanges sous les côtes. La réaction ne se fit pas attendre. La grimace de douleur fut visible sur le visage du patient. - << Votre foie est également atteint. Inflammation évidente mais sans un caractère de gravité important. Je constate donc que vos émonctoires sont débordés. La maladie qui s’ensuit coule de source : bénigne mais fort dérangeante. Elle aurait pu atteindre d’autres organes. Les facteurs du débordement de vos émonctoires ont une origine alimentaire principalement. Je n’oublie certes pas votre mode de vie. Vous feriez bien d’observer les chevaux, vous apprendriez ce qu’est la sérénité. Il va falloir abandonner les aliments incriminés . Ainsi les connaissant, en mettant en branle les principes de la bioélectronique serons-nous capables de comprendre la formation de ses scléroses, les éviter, les éliminer. Le trouble allait croissant. Le Ministre ne pipait mot. N’était-il pas de la partie ? Excédé il s’écria : - << Allez-vous enfin être clair docteur ? >>. Marc sourit à son patient avec gentillesse une sorte d’indulgence habituelle qu’il prodiguait à tous. Sereinement il reprit : - << Quoique nous pensions, bien que l’on nous ait raconté d’innombrables sornettes, ami, il faut raisonner logiquement. Nous sommes avant tout et seulement les cousins des singes. Nous n’en descendons pourtant pas. Nous avons une dentition ressemblante, des intestins de longueur identique. Bref la nature nous commande d‘ingérer une nourriture composée de fruits, de légumes et de noix. Dans la mesure où n’observons pas ces principes nous nous condamnons inéluctablement à être malade parce que nous fatiguons énormément nos organes de digestion. A digérer la viande, il faut un travail du diable, de plus elle fermente dans nos intestins d’autant plus lorsqu’elle est cuite ; ainsi circule dans le flux sanguin des purines, produits qui finissent si le foie et les reins sont débordés à les laisser s’accumuler dans les organes. En ce qui vous concerne ces dérivés complexes se déposent-ils sur les corps caverneux ou sur l’aponévrose, votre gaine qui sous la peau protège vos mains. Vous donner des médicaments ne servirait à rien. Seul un régime adapté, soulagera vos organes leur permettant ainsi d’éliminer. Votre corps alors, pourra venir à bout de ces nodules et de cette handicapante sclérose. Dans votre cas, comme dans la plupart des maladies, supprimez les causes vous n’aurez plus d’effets. Un foie dépassé par les poisons ne peut laisser agir un quelconque produit le meilleur soit-il. Me comprenez-vous ? Sans permettre une réponse, il poursuivit : - << Si, vous appliquez le repos, adoptez le lâcher prise et respectez des règles alimentaires strictes et que cette thérapie ne suffise pas, il nous reste une dernière carte : le Jeûne. En serez-vous, éventuellement capable ?>>. Le Ministre affalé dans le fauteuil se redressa. La vision de son sexe banane virant à la forme asperge lui redonnait force et couleur. - << Que me préconisez-vous docteur ? >>. << C’est très simple Monsieur le Ministre. Il vous faudra au début n’accepter qu’un seul et unique plat. Celui qui se digère le mieux. Les fruits principalement et de préférence pommes ou poires. Lorsque vos pulsations reviendront autour de soixante coups par minute, que vos urines seront claires, vos fèces pratiquement inodores et moulées, alors vous pourrez prendre des légumes crus et cuits, ainsi que des noix >>. -<< Des fruits, rien que des fruits ? Mais que vont penser mes pairs au Conseil des ministres lors de réunions ? Eux qui mangent des petits fours et dégustent le meilleur des cafés. Vous voulez ma mort docteur ? Une petite incartade, un coup de canif au contrat implora le Ministre >>. Vercoutanmieux réussit un parfait trémolo obtenu par le rire d’un homme habitué à de telles réflexions. Son auditeur avait-il bien compris qu’une mauvaise diététique était la cause de tous ses maux ? Son client n’était pas habitué à de tels principes. Le patient se devait de rompre avec ses habitudes, réviser tous ses appris. L’effort de respecter son corps, de lui donner des aliments adaptés, ne pouvait être que surhumain. Ah ! Comprendraient-ils ces patients fortunés ou misérables ce que disait Hippocrate à l’aube de notre civilisation : << la nourriture sera ton remède >>. Avoir découvert le feu n’a jamais été qu’une découverte à double tranchant puisqu’un aliment cuit est un aliment mort sans apport vitaminiques et enzymatiques. Le docteur, comme le poète sont maudits. Pourquoi pensait Marc ? Avoir raison plutôt, bien sûr, mais analyser rigoureusement, justement, ne pas admettre une argumentation en apparence logique pour chose forcément exacte, réfléchir, cogiter n’est pas le propre de la majorité. Voilà pourquoi les hommes utilisant l’intellect sont voués aux gémonies. Le toubib se campa devant son visiteur. -<< Alors, Monsieur le Ministre, êtes-vous prêt à tenir compte de mon ordonnance ? >>. L’homme qui lui faisait face n’avait plus un visage émacié, inquiet. Il avait fait son choix. Terminées les réunions doucereuses et « mollassonnes » accompagnées de thé et de petits gâteaux. Terminés les crêpes au lait, les fromages, lait, viandes et céréales. Il ne se sentait plus le gésier broyeur. Il rêvait de ce grand singe au fin fond de l’Afrique accompagné de femelles, partageant avec elles des bananes et quelques fruits de toutes sortes sans oublier l’élément prépondérant fugace certes mais si plaisant : cette virilité capable de redressement grâce au Vulcain palois de la médecine…… sans le moindre coup de marteau ni un seul médicament. La porte du cabinet s’ouvrit, laissant passer le ministre en pleine confiance. Il venait de retrouver la combativité nécessaire à vaincre sa déraison amplifiée par le modernisme et des pratiques culinaires diablement compliquées, douteuses, largement avilissantes. Marc, le médecin aux mains nues, le salua d’un geste sachant qu’il venait de faire coup double. Remettre un leader sur la bonne voie, espérer pleinement reprendre ses activités professionnelles.. Les Labos n’avaient plus qu’à bien se tenir. Il pourrait les dépecer, un jour ou l'autre, en toute quiétude; de simples et continuelles estocades verbales. Des mises à mort intellectuelles dans toutes leur splendeur tant cet homme tranquille avait approfondi la rigueur de la réplique ayant analysé avec soins les tactiques de l’adversaire. Diégo Der
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Dernière mise à jour le : 05 avril 2010
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MALADIE DE LA BANANE ... à PAPA