Business et santé : un mélange douteux ...
Le poids des lobbies pharmaceutiques
“La quasi-totalité de l’information reçue par les prescripteurs provient des laboratoires, dont l’intérêt est de promouvoir les médicaments les plus chers et de multiplier les ventes”. Rapport de la Cour des comptes.
Dans son ouvrage « Corporate crime in the pharmaceutical industry », le directeur de la Fédération australienne des consommateurs, John Braithwaite, déclarait : “Actuellement, les industries pharmaceutiques approchent en puissance les états qui sont censés leur imposer la loi et qui, dès lors, parviennent difficilement à la faire respecter”.
La mise au point des vaccins exige un important investissement que les laboratoires essaient de rentabiliser autant qu’ils le peuvent. “Chaque année, l’évaluation des parts de marché donne lieu à de véritables comptes d’apothicaires. Chacun revendiquant 30 % du gâteau, le double, voire le triple des autres ténors du secteur”, lisait-on dans Challenges en juin 1988.
Selon le Pr Robin Weiss, directeur de l’Institut de recherche sur le cancer en Grande-Bretagne : “Une grande partie du corps médical est devenue à tel point l’obligée de l’industrie pharmaceutique que l’évaluation des médicaments en est à présent aléatoire. Il est difficile de servir deux maîtres, je ne comprends pas comment la plupart de mes confrères s’y prennent. [...] Il y a trop d’argent en jeu dans tout cela, notre jugement est influencé par les cours de la bourse.”
L’industrie pharmaceutique française regroupe 85 500 salariés dans 318 laboratoires et réalise, avec l’aide de 15 000 visiteurs médicaux, un chiffre d’affaires annuel global de 130 milliards de francs, dont un quart à l’exportation (cf. Le Monde du 7 juillet 1998). Pasteur-Mérieux représente un tiers du marché mondial des vaccins (évalué à 18 milliards de francs en 1995) avec 5,7 milliards de francs de chiffre d’affaires à cette époque et 297 millions de bénéfice et ses ventes sont en constante augmentation.
Elle représente ainsi un poids économique considérable, le médecin français étant le champion d’Europe de la prescription, avec des ordonnances quatre fois plus importantes que celles de Grande-Bretagne et six fois plus que celles d’Allemagne. N’oublions pas que les Français sont les plus gros consommateurs d’hypertenseurs, d’anti-migraineux, de psychotropes (cinq fois plus que les états-Unis), d’antibiotiques et de vaccins.
Enfin, pour maîtriser parfaitement le marché et influencer le corps médical, les laboratoires dépensent environ 12 % de leur chiffre d’affaires, soit 14 milliards de francs par an, en formation continue, congrès, séminaires organisés, de préférence sous les cocotiers, menus cadeaux, et aide à la publication qui peut aller jusqu’à la rédaction du contenu de l’article. Enfin, commanditée par les laboratoires, la presse médicale publie des articles théoriquement scientifiques qui ne sont, en fait, que de la publicité déguisée.
Science et vie de juin 1998 confirmait que les laboratoires dépensent en moyenne un peu plus de 80 000 francs par an et par médecin pour sa “formation” et son “information”.
Et, lorsqu’on prend connaissance des “Déclarations d’intérêts” existant entre les membres de l’Agence du médicament et l’industrie pharmaceutique (cf. le rapport 1995 et 1996 de la Cour des comptes), on est stupéfait de découvrir que : “Sur 56 membres de la Commission d’AMM [autorisation de mise sur le marché], seulement 5 n’avaient aucun intérêt déclaré, soit 9 %”. Ainsi, 91 % d’entre eux avaient un intérêt déclaré dans un laboratoire ou une firme pharmaceutique et seize membres étaient appointés par Rhône-Poulenc. Il faut ajouter que ces déclarations d’intérêt ne sont assujetties d’aucun contrôle (et d'aucune sanction en cas de fausse déclaration). De son côté, après avoir mené une solide enquête sur les médicaments en mars 1999, Science et vie nous informait à son tour qu’en 1997, 66 des 78 membres de la commission d’AMM avaient de liens déclarés avec l’industrie pharmaceutique. En mai 1995, le magazine Capital avertissait déjà ses lecteurs que “L’industrie du médicament est, partout dans le monde mais surtout en France, un carrefour de trafic d’influence”.
Il est évident que ces liens mènent à douter de la neutralité de ces experts et expliquent pourquoi, sur les 5 462 spécialités pharmaceutiques remboursables, nombre d’entre elles n’ont jamais pu faire la preuve de leur efficacité. Et la revue Prescrire de janvier 1999 (n° 191) a publié un sévère bilan des nouveaux médicaments de 1998. Parmi les 243 produits analysés, seuls 42 ont été jugés utiles pour les malades. Ce qui ne signifie pas que les médicaments inutiles n’ont aucun effet iatrogène.
Déjà, en 1992, le Pr Bernard Régnier, de l’hôpital Bichat, à Paris, démissionnait avec fracas de la commission d’AMM et déclarait au magazine Le Point : “L’évaluation des médicaments est réalisée dans des conditions proches de l’indigence. Il est clair que ce sont les industriels qui mènent la barque”. Les industriels, en effet, mais aussi les politiques à leur solde.
La situation n’est pas plus saine aux Etats-Unis. Le Dr Samuel Katz, ardent promoteur de la politique vaccinale dans son pays, préside le ACIP, équivalent du Comité technique des vaccinations en France, et le Red Book Committee of the American Academy of Pediatrics.
Sur le même registre, le Dr Neal Halsey, de l’université John Hopkins, est un pionnier de la vaccination et siège, comme Katz, dans les comités de l’ACIP et du Red Book, et, comme Katz, il affirme la sécurité du vaccin anti-HB. Or, d’après le porte-parole de l’université John Hopkins, l’institut reçoit des fonds de Merck, SmithKline Beecham, Connaugh-Pasteur Mérieux et Wyeth-Lederle. Le journaliste médical Nicholas Regush les a questionnés et remarquait, le 14 octobre 1999 dans ABC News, que ces médecins qui prônent une information impartiale au sujet de ce vaccin se gardent bien de fournir les preuves de leurs assertions. Il conclut : “J’en déduis que tout cela n’est pas très beau et ressemble plus à la politique qu’à la science”. Il précise que les enfants américains reçoivent 21 injections au cours de leur première année et que 200 nouveaux vaccins sont expérimentés actuellement. “J’appelle cela la vaccinomanie. Nous sommes arrivés à un point qui n’est plus défendable sur le plan scientifique. Introduire de nouveaux vaccins dans le corps sans savoir comment ils pourront affecter dans le temps les fonctions du système immunitaire frise la criminalité”.
The Guardian, du 13 février 2000, signalait qu’aux Etats-Unis, les dons des laboratoires pharmaceutiques aux partis politiques lors des élections sont passés de 3 millions de dollars en 1990 à 24 millions de dollars en 2000.
Un énorme scandale a dénoncé la corruption initiée par les laboratoires, prouvant ainsi qu’ils sont prêts à tout pour vendre leur marchandise. En effet, en 1991, Francesco de Lorenzo, ministre italien de la Santé, a touché de nombreux pots-de-vin de plusieurs laboratoires, dont SmithKline Beecham. Le président de cette firme, qui fabrique le vaccin anti-hépatite B, a avoué avoir donné au ministre 600 millions de lires quelques mois avant que ce dernier ne rende cette vaccination obligatoire dans son pays. Francesco de Lorenzo a été inculpé et condamné à plusieurs années de prison ferme ainsi que Paolo Cirino Pomicino, ancien ministre du Budget et le Pr Dulio Poggiolini, directeur de la Direction du médicament dans son pays, après avoir été président de l’Ordre des médecins, mais aussi membre influent des instances européennes du Médicament. Plus d’une soixantaine d’autres membres tout puissants du ministère de la Santé ont également été condamnés pour diverses fautes graves que le Giornale per la protezione della salute (n° 6, mars 1998) qualifie de “pratiques mafieuses”.
L’information a fait la une de tous les journaux italiens, puis a été reprise par un journal pharmaceutique international de langue anglaise, Scrip, lequel n’a pas hésité à publier les montants des pots-de-vin généreusement distribués par de prestigieux laboratoires pharmaceutiques tels French, Glaxo, Pfizer, Shering et SmithKline. En France, aucun journal n’a évoqué ce scandale.
Il est évident que cette politique de corruption pernicieuse des fabricants de vaccins se retrouve partout. Dans le monde occidental, les autorités de santé entretiennent très souvent des relations perverses avec les laboratoires pharmaceutiques pour lesquels l’intérêt du malade est accessoire.
Le Progrès de Lyon du 5 novembre 1993 publiait un encart publicitaire intitulé : “Bienvenue dans le capital de Rhône-Poulenc”, qui résumait bien la politique vaccinale : “Quand Rhône-Poulenc vaccine 20 personnes par seconde dans le monde, c’est bien pour le monde, c’est bien pour les actionnaires. Etre actionnaire de Rhône-Poulenc, c’est participer à une belle entreprise humaine et à une grande réussite économique.”
Le 6 octobre 1995, le Dr Louis de Brouwer, spécialiste en biologie moléculaire, a parfaitement résumé cette action : “En fait, la réalité du message est la suivante : achetez des actions et vous nous permettrez d’inonder le marché de vaccins, s’ils sont inutiles ou dangereux, on s’en fout royalement, mais on réalisera de superbes bénéfices dont vous profiterez. [...] Les industriels des médicaments et des vaccins sont parvenus à faire croire à l’ensemble des individus qui composent nos sociétés que ces produits étaient indispensables et bénéfiques. Il s’agit là d’un exploit extraordinaire en matière de désinformation et de mensonges. Exploit auquel ont participé et continuent à participer les membres du corps médical et les politiques en charge de la santé.”
Les laboratoires ne sont pas des entreprises de philanthropie et, pour eux, les vaccins ne sont que de vulgaires produits de consommation que l’on privilégie selon leur rentabilité et non en fonction de la santé publique.
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Dernière mise à jour le : 04 mars 2006.