UNE REVOLUTION IMPRESSIONNANTE PAR SES RETOMBEES !
LA REVANCHE DES PAYSANS CUBAINS
DONT LES EUROPEENS FERAIENT BIEN DE S’INSPIRER
La sécurité alimentaire, l’équilibre économique de chaque pays est en jeu.
Le « Colosse mondialiste » vient de découvrir ses pieds d’argile.
Chacun devrait s’évertuer à les lui casser.
Une brève synthèse vous permettra de mieux cerner le problème.
Qui se soucie en France et en Europe de l’importance du fait que ce n’est pas une agriculture industrielle qui permettra d’améliorer la qualité des produits tant sur le plan nutritif (vitamines, sels minéraux, acides aminés et autres composants), que sur le plan gustatif, fraîcheur, état de mûrissement adéquat etc. Nos produits sont excellents à photographier, c’est le seul point positif.
Les tenants de l’agriculture industrielle – fustigés par les perspectives toujours croissantes de ventes de produits phytosanitaires trop souvent toxiques ( Syndrome de l’huile toxique en Espagne – 1.200 morts , 25.000 intoxiqués par le Némacur, produit organo-phosphoré – . Voir notre circulaire N°6 de juin 2000 -www.ctanet.fr/daudon) – ont oublié trop de paramètres induits par cette agriculture aberrante, désolante, meurtrière (catastrophes naturelles décuplées, météorologie trop souvent défavorable, déséquilibres des sols, leur appauvrissement, déséquilibre biologique des plantes (verse du blé), latérisation des terres exploitées et soumises à de trop fort rendement)...Bref les 7 plaies d’Egypte avec les pires incidences .
L’agriculture et l’Economie marchande, sont incompatibles, tant pour des raisons agronomiques que sociales.
L’état de santé de l’homme et de ses humeurs toujours davantage dénaturées sont directement liées à la façon d’élever ou de produire.
Les épidémies, ne sont que les effets – du manque d’hygiène doublées d’incohérences agronomiques voulues – de la malnutrition, mais surtout à notre époque de carences minérales ou d’excès (E.S.B). Voisin, Quinton, Loeb et tant d’autres l’ont amplement démontré. A cela s’ajoute hélas le corollaire des produits de synthèse, les maladies neuro-toxiques. Dès lors par carence ou excès on aboutit à la relation suivante : déséquilibre minéral ® perturbations des échanges cellulaires ® affaiblissement tissulaire ® diminution du pouvoir de riposte des défenses naturelles ® maladies.
Celui qui ne respecte pas la terre condamne ses proches à mort, à plus ou moins brève échéance.
Le facteur social est également à prendre en compte. Par une technologie toujours plus performante, l’agriculture, plus particulièrement, désengage une forte proportion de main d’œuvre. Mal nourri, mal employé, le citoyen court à sa perte.
L’agriculture actuelle émet par le carburant du dioxyde carbone. Elle pollue par ses intrants les plantes, les animaux et les hommes. Elle achève son empoisonnement par la dégradation des sols qui est la principale responsable des émissions carboniques. Les produits phytosanitaires complètent, avec les engrais de synthèse, le gâchis sur les nappes phréatiques. Cuba nous l’enseigne, allons-nous réagir avant qu’il ne soit trop tard?
Le débat, sur la productivité et la taille de l’exploitation, prouve aujourd’hui que les petites exploitations produisent presque toujours plus de produits agricoles par unité de superficie que les plus grandes et plus efficacement. Une étude récente de Rosset Peter le démontre sans problème.1
Nous nous devons de mettre l’accent sur ce fait bien établi, mais également sur le constat qu’une production énorme oblige certains Etats à vendre leurs surplus. Leurs pratiques malhonnêtes, le dumping, handicapent tous les petits paysans des pays sous-développés, provoquant misère et émigration, à moins que ces derniers ne s’emploient à produire des plantes psychotropes.
D’immenses territoires confisqués, au Brésil par exemple, hébergent de nombreux troupeaux aux mains de multinationales pour la consommation européenne alors que 30% de la population est sous-alimentés. L’Economie de marché n’a que faire de la misère des pays pauvres, pas plus d’ailleurs que de l’autonomie alimentaire de n’importe quelle nation.
Serions-nous seulement des robots consommateurs, ou des êtres capables d’apporter notre contribution à un mieux être général et de partager les fruits de nos occupations professionnelles fussent-elles agricoles?
Il ne peut y avoir de laisser pour compte. Encore faut-il que chaque nation se responsabilise et cherche, d’elle-même, l’équilibre en fonction des sols, de l’environnement, des contraintes météorologiques, etc. L’essentiel étant de survivre décemment, pas de s’empoisonner avec des cultures industrielles d’exportation qui ne profitent qu’aux grandes compagnies. L’aide extérieure ne peut être que matérielle, technologique en tenant toujours compte des facteurs propres à chaque pays.
Les règles du jeu de la vie sont simples.
Observer cette dernière (la vie) et se rendre compte que nous ne pouvons déroger à des lois qui ont toujours condamné l’exploitation à outrance, la spéculation, l’intérêt, l’oisiveté l’égoïsme et toute cette chimie de malheur, contraire à la nature, décuplant les effets pervers.
Désirons-nous mourir de cancers, de maladies mentales ou de vieillesse ? Il ne faut pas oublier le capital génétique et les générations montantes.
Le modernisme aidant, notre haute compétitivité dans le domaine agricole nous a permis d’éloigner la famine pour un temps c’est sûr ; mais à quel prix et pour combien d’années ? Les terres s’appauvrissent au point que les engrais chimiques ne suffisent plus, l’humus de ces dernières est emporté par l’érosion. Enfin ne faudrait-il pas se soucier de l’exode rurale ? Elle affecte presque tous les continents et plus particulièrement, aujourd’hui, des millions de paysans chinois.
Hier, nous étions à la merci des caprices de la nature par manque de moyens. Aujourd’hui l’explosion de la mécanisation agricole et notre fâcheuse tendance à employer plus d’intrants chimiques nous condamnent des aléas bien plus redoutables. Croissance déraisonnable oblige !
L’agriculture cubaine intensive à Cuba durant 30 ans.
L’effondrement de l’empire soviétique, en 1989, auquel a succédé l’embargo américain en 1992 ont condamné l’île à l’isolement économique et à l’autarcie alimentaire. Contrairement à ce que relatait la Presse et la TV l’aide reçue par Cuba, pendant trente ans, fit de ce pays le plus développé des Caraïbes. En 1989, Cuba tenait la onzième position mondiale dans l’indice de la qualité de vie matérielle, indice incluant la mortalité infantile, l’alphabétisme et l’espérance de vie alors que les Etats-Unis occupaient la quinzième place.
Les effets de cet effondrement furent incalculables. Cuba importait 57% de l’apport calorique nécessaire à la population et 80% de sa consommation en protéines et matières grasses. Les importations d’engrais et de pesticides diminuèrent de 80%. Le désastre fut cependant évité.
La révolution paysanne cubaine
D’une agriculture intensive, en monocultures et d’un apport en intrants élevé, l’île est passée à une agriculture pratiquement biologique. La population, 12 millions de citoyens, mange à sa faim.
L’agriculture urbaine n’existait pas avant 1989. Le peuple cubain réagit à la crise en développant des formes de jardinage à l’intérieur et aux alentours des lieux d’habitations. Le ministère de l’agriculture leur vint en aide en créant un Département d’agriculture urbaine, pour que les terres non cultivées le deviennent.
Dès 1998, 8.000 jardins cultivés par 30.000 personnes occupent 30% de la terre disponible. Ces jardins, huertos populares, huertos intensivos, autoconsumos, campesinos particulares, empresas estatales comprennent des terrains allant de quelques dizaines de m2 à 3 hectares. Le gouvernement cubain alloue à titre gracieux la terre destinée à un usage agricole. La Havane se suffit à elle-même, ou presque.
Nécessité fait loi - Cuba au Bio.
L’effondrement du commerce international a mené à la diversification de l’agriculture domestique. On élève des bœufs pour remplacer les tracteurs, une gestion intégrée des parasites remplace l’usage des pesticides. Des mesures permettent aux Cubains de retourner vers les régions rurales.
La béquille chimique a disparu avec d'excellents résultats. Un nombre important de scientifiques et de biologistes cubains préparent une deuxième révolution : être à la pointe des recherches dans le domaine des équilibres agricoles, à la barbe des chimistes américains. Ces biologistes critiquent l’agriculture intensive et développent des alternatives ayant fait leurs preuves2 .
L’abandon de l’agriculture intensive ne conduit certes pas à des chutes des rendements !
Les paysans cubains le prouvent tous les jours face au secteur déplorable des grandes exploitations. Ils reconnaissent l’utilité des techniques ancestrales avant l’arrivée des produits chimiques. Rotations des cultures, associations des plantes cultivées pour enrichir le sol, ou le protéger, incorporation de composts issus d’engrais naturels, emploi de magnésie par exemple pour diminuer très notablement le parasitisme. Restitution à la terre des éléments absorbés par les plantes. Enfin lutte contre les derniers déséquilibres en employant toujours des méthodes naturelles (insectes par exemple). Communisme à Cuba ? sans doute, mais quel bon sens !
De nos jours 173 centres de « vermicompost » produisent à Cuba 93.000 tonnes de compost naturel issu des déjections animales et de la paille des céréales. Les planificateurs gouvernementaux ont encouragé ce retour aux conditions premières de l’homme, d’autant que l’agriculture alternative réclame beaucoup de main d’œuvre.
Cuba, depuis s’assume alimentairement. En 1996/1997 la récolte de dix cultures de base a été la plus importante de l’histoire cubaine.
LES PETITS PAYSANS SONT A l’ORIGINE DE CES RESULTATS.
1 1999 - Les multiples fonctions et bénéfices de l’agriculture à petite échelle dans le contexte des négociations du commerce global. Institute for food and Development Policy, Food Fint Policy Brief # 4, www.foodfirst.org.
2 Rosset, P « Cuba : ethics, biological control, and crisis. » Agriculture and Human Values, 14 : 291-302 - 1997.
D’après un texte d’Hugh Warwick. - L’Ecologiste - Juin 2002 -
Ceux qui ne pourront tirer une leçon de ce contexte, et diffuser autour d’eux, ne peuvent rien espérer des années à venir.
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Dernière mise à jour le : 04 mars 2006.