Ces Seigneurs de l'agriculture qui tirent la langue à Sully et à tout agronome respectueux des sols, des plantes, des bêtes et hommes. !
La folie suicidaire de l'Economie de marché en Agriculture.
Ce résumé, certes trop court, permettra aux béotiens dont je fais partie de se faire une idée assez précise d'une caste de nantis cousine de Louis XV se souciant bien peu de leur descendance, marmonnant avec une certaine jouissance:<<après nous le déluge>>.
Pendant que les élevages industriels se multipliaient en Bretagne (Lire le livre de l'agriculteur André Pochon : Les sillons de la colère, éditions la Découverte, livre préfacé par Jean-Marie Pelt), que le maïs fourrage + (soja OGM américain !) prenait la place des vertes prairies, déséquilibrant les sols et amputant le porte-monnaie des éleveurs, nos grandes et riches plaines céréalières (Beauce, Brie) s'installaient dans la monoculture (blé, maïs, betteraves). Ce fut désormais l'assolement bien connu : blé, sports d'hiver, betteraves, Côte-d'Azur. Heureux privilégiés !
D'autant que le blé et la betterave sont payés au prix fort, garanti par la puissance publique, réévalué chaque année; depuis 1992, les primes liées à la superficie, versées sans limitation et sans condition, ont augmenté le revenu des céréaliers de 25% en trois ans. Qu'en est-il aujourd'hui ?
La question est à poser aux Chambres d'Agriculture dont les recettes proviennent pour l'essentiel de taxes sur les ventes de céréales des agriculteurs.
Le problème qui devrait intéresser chaque citoyen à plus d'un titre est que ces plaines, les plus riches d'Europe, sont devenues des déserts humains et des contrées aux catastrophes agro-écologiques. Le sol se compacte par les charges des tracteurs de plus en plus lourds et des techniques de culture, perd sa fertilité naturelle trop sollicitée par les rendements, l'érosion et le lessivage (dus au maïs). La monoculture sans bétail associé a fait disparaître l'humus (sans prairie et sans fumier (compostage) qui ne peut se renouveler. La terre est ainsi devenue un support sur lequel il faut tout apporter pour produire. Beaucoup d'engrais azoté, des herbicides et fongicides de plus en plus virulents et variés car les mauvaises herbes et les maladies deviennent résistantes. N'oublions pas les insecticides car il n'y a plus de talus, de haies, des landes (un maximum d'espaces pour augmenter les primes) pour abriter les prédateurs d'insectes nuisibles; de l'eau, enfin, car la terre sans humus ne retient pas l'humidité et, trop tassée, elle empêche les racines de descendre pour puiser dans l'humidité du sous-sol.
Nos céréaliers ont ruiné nos sols, pollué nos eaux et bourré leur blé de pesticides à détériorer la santé des plus robustes. Qu'importe pour eux, grâce à la manne européenne les exploitations dépassant plus de 300 ha en Beauce encaissent, chaque année, disons-le en francs : 1.000.000 (primes publiques).
Qui va payer la pollution par une santé défaillante ? Qui va retrouver dans son sang plus de 80 sortes de produits chimiques ? Qui va payer la pollution pour tenter de rendre l'eau buvable ? Qui permettra que le gibier et les passereaux redeviennent aussi nombreux qu'autrefois ? Qui va écourter sa vie de 20 ans ? Qui payent toutes ces redevances financières et les maux dont nous souffrons … que nous tentons (pauvres sots que nous sommes) de soulager avec d'autres produits chimiques ! Surtout ne changeons pas, tout va si bien démontrent les autorités de droite et de gauche. Délires et désinformations sont les deux nouvelles mamelles de la France rumine Sully en se retournant dans sa tombe.
Jacques Daudon