Pas plus le rapport Raynaud commandé par Mr Balladur, lors de son accession au pouvoir, que l'audit commandé par Mr Jospin et publié le 21 juillet 1997, n'a connu la diffusion que son importance exigeait.
Il est vrai qu'il est rédigé dans le style "femmes savantes" qu'affectionnent les hiérarques ecclésiastiques, diplomatiques et administratifs. C'est un devoir, pourtant, de le décrypter et de le traduire en langage courant car chaque citoyen et chaque citoyenne a le droit de savoir ce qu'il en est.
" En fin d'exécution du budget ", nous dit ce rapport — pardon! Cet audit, l'Etat rapatrie ses comptes de fond "dormant" dans d'autres comptabilités que la sienne.
Qu'en termes galants ces choses là sont dites !
Nous dirions, vous et moi que l'Etat pille les réserves des organismes publics : CCP, Caisse d'Epargne, Caisse des Dépôts et Consignations, EDF, Télécom, etc.. en vertu de pratiques ignorées du public, ne spécifiant ni les conditions de l'emprunt, ni les délais de remboursement. Ces emprunts ne sont même pas inscrits dans la dette publique!
" Les recettes fiscales ", poursuit l'audit, " partagent les aléas de la conjoncture, ce que traduisent les révisions effectuées en cours d'année (février, juin et août) ".
Autrement dit les budgets, présentés aux assemblées et votés par elles, sont toujours inférieurs à la vérité.
" La somme des dépenses décaissées, ou le solde de la trésorerie constitue des séries statistiques qui font échouer les méthodes du statisticien. Il nous a donc fallu abandonner le simple constat pour entrer dans le labyrinthe de la prévision budgétaire. Les statistiques infra - annuelles disponibles sont clairement insuffisantes pour porter un jugement fiable". C'est très subtilement dit, mais traduit en clair, que c'est le foutoir.
Le langage idiomatique cède toutefois la place aux chiffres qui eux, expriment sans nuance ce qu'ils veulent dire.
" Au total le dérapage des dépenses enregistrées à mi-août porte le déficit de l'Etat entre 312 et 320 milliards... non comprises les redevances aux organismes internationaux ou les engagements constants à l'égard de divers organismes ou entreprises publiques " (voir plus haut).
" Le montant de la dette de l'Etat était de 2.463 milliards en 93 et de 3.544 en 96. Le pourcentage des dépenses publiques continue à augmenter; il était de 3,3% en 96 soit davantage que la hausse du P.I.B en valeur (2,6%).
" Les dépenses courantes de la dette et de la fonction publique passent de 51% du budget en 90 à près de 64% en 97. De leur côté les dépenses relatives à l'emploi et aux divers " guichets sociaux " montent de 12,5% en 90 à près de 17% en 97.
On peut ajouter en bref que cette dette publique est passée de 21% du P.I.B en 1980 à 65,7% fin 98. Dans les conditions actuelles cette hausse ne peut que continuer.
En conclusion l'audit 16 attire l'attention sur le fait que " le rôle régulateur et protecteur de l'Etat n'est pas compatible avec un niveau de prélèvements obligatoires ne pénalisant pas notre économie par rapport à celle de nos grands concurrents ". En clair cette double négation laisse entendre ce que pensent certains de nos contemporains : il faut diminuer, voire supprimer " le rôle protecteur de l'Etat " : renoncer à 150 ans de progrès sociaux qui ont fait de la France l'un des pays les plus évolués de la planète.
Ceci pour conserver une fiscalité aux conceptions et aux méthodes périmées qui continuera à aggraver le sort de nos entreprises et de notre population jusqu'à la ruine complète.
Perdre un acquis obtenu à grand peine après 150 ans de débats et de luttes pour conserver un outil fiscal usé qui ne répond plus à ce que l'on attend de lui serait d'une grandiose stupidité.
Ne nous trompons pas de diagnostic. N'attendons pas de l'administration qu'elle remplace la réglementation existante par une nouvelle qui n'apparaît nulle part ailleurs. Personne n'a jamais vu de mandarins faire la révolution. Nous connaissons le sort des employés du fisc qui se permettrait une critique.
Quant au public de faible QI, on sait qu'il n'admet les progrès matériels que dans la mesure où il les décèle concrètement. Il ne souscrit pas à des changements de conceptions et de méthodes. Il n'en a pas les moyens intellectuels.
Il faut bien constater également que les hommes politiques ne font pas leur devoir en n'exigeant pas l'étude de formules nouvelles, notamment celles qui mettent en pratique les techniques récentes, utilisées chaque jour avec efficacité, en particulier dans les banques.
16 Audit de Messieurs Jacques Bonnet et Philippe Nasse.
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Dernière mise à jour le : 04 mars 2006.